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Changer les règles du commerce international – pour relever les défis agricoles, alimentaires et planétaires

L’Europe ne peut plus fuir ses responsabilités et doit mettre en cohérence ses politiques, tel est le message qui pourrait résumer la journée organisée par le Comité européen des régions (CdR) le 9 mars dernier dont nous reproduisons le communiqué de presse1 ci-dessous.

On ne peut vouloir endiguer les vraies causes des migrations et en même temps forcer des pays africains à signer des accords commerciaux qui mettent en péril leur intégration régionale et leur politique agricole. On ne peut prétendre lutter contre le changement climatique et en même temps, ne pas utiliser l’accès à son marché intérieur, le plus important au monde, pour tirer vers le haut les standards de production. On ne peut prôner l’ouverture commerciale et, en même temps continuer à faire du dumping sur les marchés internationaux, faute d’outils de régulation que l’on continue de démanteler.

Comme le plaide Olivier De Schutter, il est temps de « sortir de l’alternative binaire entre libre-échange des produits agricoles et protectionnisme ». En matière agricole, le multilatéralisme doit être repensé sur de nouvelles bases, celles de la coopération entre ensembles régionaux cohérents à même de rendre opérationnelles des politiques alimentaires et agricoles stabilisatrices et durables.

Frédéric Courleux, Directeur des études d’Agriculture Stratégies


L’Union européenne est le premier importateur et exportateur mondial de denrées alimentaires. En même temps, les producteurs agricoles européens font face à des prix agricoles souvent inférieurs à leurs coûts de production, tandis que les producteurs des pays en développement subissent la concurrence déloyale d’importations qui entravent leur accès au marché.

Sont d’abord en cause les règles actuelles du commerce international agricole, celles de l’Accord sur l’agriculture intégré aux accords de l’OMC de 1994. La conférence organisée par le Comité européen des régions (CdR) le 8 mars à Bruxelles en a débattu avec des experts du monde académique, agricole et des représentants institutionnels de la Commission et du Parlement européens.

Rappelant les conséquences des règles actuelles du commerce international sur nos territoires ruraux, Christophe Clergeau (FR/PSE), membre du Conseil régional Pays-de-la-Loire , Vice-Président de la commission des ressources naturelles au CdR, a appelé l’UE, premier acteur alimentaire mondial, à engager un débat de fond sur ces règles, pour instaurer un commerce international plus juste et solidaire qui garantisse le maintien de l’agriculture sur l’ensemble des territoires autant en Europe que chez ses partenaires.

Olivier De Schutter, co-président du Panel international des experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-food) a encouragé les acteurs politiques à « sortir de l’alternative binaire entre libre-échange des produits agricoles et protectionnisme »: « Pourvu que l’on prenne au sérieux l’exigence de cohérence des politiques en faveur du développement, et que l’on aligne le contenu des traités commerciaux et les politiques commerciales sur les normes sociales et environnementales qui définissent le commerce équitable, le commerce peut servir le développement humain ».

Pour Marie Heubuch (DE/Greens-EFA), Vice-Présidente de la délégation pour les relations avec le Parlement panafricain du Parlement européen il faut une réorientation de la politique commerciale: l’UE doit jouer un rôle pilote dans la construction d’un système commercial multilatéral avec de normes sociales et environnementales fortes. Plutôt que d’orienter la politique agricole vers l’exportation, il faut soutenir systématiquement les exploitations paysannes agro-écologiques ainsi que les circuits économiques régionaux dans l’UE et les pays partenaires

Maria Arena (BE/PES) rapporteure au Parlement européen sur les répercussions du commerce international et des politiques commerciales de l’Union européenne sur les chaînes de valeur mondiales a indiqué: « Nous avons besoin de revoir les règles de l’OMC pour qu’elles soient plus justes. Mais l’OMC n’est pas suffisante. Jusqu’à présent elle a négligé les dimensions sociale et environnementale de l’agriculture. Je plaide pour une étroite coopération entre l’OMC, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et la FAO pour construire une Politique Alimentaire et Agricole qui respecte les orientations et les besoins des Etats et des populations locales ».

Pour Ibrahim Coulibaly , Président de la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP) du Mali,  » les politiques de libéralisation forcée et les accords de libre échanges qui ont suivi ont créé le désespoir chez les paysans africains et le désintérêt des jeunes pour ce secteur qui finissent pour émigrer en Europe ou troquent leurs bâtons de berger ou leur houe contre des Kalachnikov et se retournent contre leur pays. Il est temps de revenir à une intelligence collective et de donner une réelle chance à chacun pour un monde qui veut vivre en sécurité ».

 

http://cor.europa.eu/fr/news/Pages/changer-les-regles-du-commerce-international.aspx

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