Pourquoi Agriculture Stratégies ?
Parce que les intérêts agricoles et agro-alimentaires sont insuffisamment considérés comme des atouts stratégiques.
Nous venons de traverser une crise sanitaire, nous luttons actuellement contre les effets d’une crise énergétique, mais si demain nous devions faire face à une crise alimentaire d’ampleur, nous serions démunis et incapables d’en supporter les conséquences, qui s’appréhenderaient sur une durée bien plus longue et avec des répercussions bien plus importantes. Les faits récents nous l’ont rappelé : l’alimentation est une arme géopolitique.
Les risques de déstabilisation ne cessent de s’amplifier : les conflits à incidence planétaire, le terrorisme, les phénomènes migratoires massifs, la forte augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières mais aussi les aléas climatiques, appelés à se multiplier qui aggravent cette situation : désormais, toute annonce de prévision de récolte à la baisse a un impact fort sur la volatilité des marchés, où les opérateurs cherchent à anticiper au maximum et amplifient les variations de prix sur des pas de temps de plus en plus courts.
La mondialisation des échanges a pu prendre l’ampleur que nous lui connaissons grâce à un coût du transport modéré, lié notamment à des prix de l’énergie abordables. Pourquoi produire ici quand il était moins cher d’importer depuis l’autre bout du monde ? Face à l’explosion des prix du transport, cette logique qui nous a longtemps guidés est actuellement dépassée.
Dans cet environnement en constante mutation, la sécurité alimentaire mondiale et la souveraineté alimentaire des peuples sont des objectifs de stabilité prioritaires.
C’est pourquoi l’agriculture et les industries agroalimentaires sont au cœur des défis du 21ème siècle.
Satisfaire des besoins alimentaires et non alimentaires croissants, lutter contre la pauvreté, éviter les phénomènes de spéculation déstabilisants, protéger l’environnement et la biodiversité constituent autant d’objectifs impérieux pour la communauté internationale.
C’est ainsi que depuis la crise alimentaire de 2008 et la guerre en Ukraine, tous les pays renforcent leurs politiques agricoles et alimentaires… sauf l’Union européenne, dont la PAC ne cesse de s’étioler faute de volonté politique et de vision à long terme. Cette vision mondialiste et décliniste de l’agriculture propre à Europe place un secteur pourtant éminemment stratégique en position de faiblesse alors qu’il faut le remettre au centre des priorités politiques, à l’instar des grandes puissances de la planète que sont les Etats-Unis ou la Chine.