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Newsletter n°51 : PLOA, sécheresses, sécurité alimentaire mondiale

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Bonjour,

Que retenir des multiples concertations PLOA ? Si les constats sont globalement assez partagés, les ambitions et les solutions à privilégier ont fait l’objet d’âpres discussions entre ONG et profession. Vu que l’objectif était de faire émerger des consensus dans un contexte où les idéologies s’affrontent, les acquis restent minces. Côté positif, on peut saluer le début d’une réflexion intégrant les filières, des mesures comme le soutien à la prise de risque des agriculteurs, ou le consensus sur le besoin d’ajuster la valeur de reprise des exploitations à leurs performances économiques. Côté négatif, le sentiment d’être passé à côté des enjeux. Protéger le revenu agricole est une nécessité reconnue par tous et pourtant absente des mesures proposées. L’enjeu de faire converger une alimentation « plus saine et plus durable » avec une évolution vers une production agricole « plus durable » se traduit par l’idée de planifier un changement de l’offre, sans nécessairement tenir compte de l’évolution de la consommation, et de soutenir « un développement massif » de la bio, pourtant déjà en pleine crise. Les concertations n’ont pas pu permettre de dépasser les clivages entre visions « dystopiques » et utopiques pour permettre de dégager une vision claire du futur de l’agriculture. Fin des concertations, place maintenant aux arbitrages attendus de Marc Fesneau, et au début du parcours législatif pour la partie loi, où les députés comptent bien avoir leur mot à dire sur les orientations à donner au texte et à l’agriculture française.

Pourtant, la nécessité d’accompagner l’agriculture dans son adaptation au changement climatique est réelle, et de plus en plus perceptible. Après un hiver sans eau, la sécheresse 2023 s’annonce catastrophique en France comme en Argentine ou en Espagne. Alors qu’un rapport du Parlement Européen annonce que les sécheresses sont appelées à se multiplier dans tout le sud de l’Europe du fait du changement climatique, nous nous sommes interrogés sur les réponses politiques possibles face aux événements climatiques extrêmes. Comme toujours, il n’existe pas de solution miracle et il va falloir conjuguer toutes les possibilités (optimisation de l’irrigation, adaptations techniques des itinéraires culturaux, choix des cultures et des variétés, développement des filières, limitation des pertes et amélioration de la gestion de la ressource) pour développer des systèmes résilients et éviter la guerre de l’eau au sein des territoires. Les épisodes de sécheresse ne sont qu’un exemple des aléas qui vont affecter de plus en plus fréquemment les systèmes agricoles, fragilisant les exploitations mais aussi le reste des filières. Le monde agricole a besoin d’un cadre qui lui permette d’innover et de tester des solutions, d’une administration réactive, et d’un soutien pour développer les filières nécessaires à la diversification.

Les aléas climatiques et le conflit ukrainien ont contribué à augmenter l’insécurité alimentaire mondiale. Le dernier rapport mondial sur les crises alimentaires de l’ONU, récemment paru, estime que le nombre de personnes en situation de crise a bondi de 34% entre 2021 et 2022. Plus que les évènements en eux-mêmes et les chocs économiques, les conflits qui ont lieu au sein des nations touchées par la faim et les réactions politiques forment les principaux facteurs d’insécurité. Les restrictions à l’export mises en place par des pays exportateurs pour protéger leurs marchés intérieurs ont particulièrement contribué à tendre la situation. La simple annonce de ces limitations ou de mauvaise récolte peut entrainer une augmentation de la volatilité des prix, et elles sont estimées comme responsables de la majorité des perturbations des approvisionnements. Le conflit ukrainien a ainsi entrainé des reconfigurations en cascade pour maintenir la sécurité alimentaire. Cet article vise à faire le point sur les intérêts mais aussi les limites des initiatives qui ont visé à permettre la sortie des céréales ukrainiennes, les stratégies développées par les pays dépendants des importations, et la reconfiguration du soft power agro-alimentaire.

Bonne lecture,

Jacques Carles, Président d’Agriculture Stratégies

 Le 27 juin 2023

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