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L’agriculture : un grenier d’emplois durables pour les jeunes et les migrants de retour

Dans une tribune1 parue sur le site de l’IED Afrique, une organisation à but non lucratif qui intervient sur des problématiques de développement durable, le Dr Cheikh Tidiane Wade, coordonnateur du programme « Promouvoir la résilience des économies au niveau des zones semi-arides », livre une analyse percutante du rôle de l’agriculture dans la lutte contre les migrations et la fixation des populations, notamment des jeunes, dans les zones rurales.

Le constat de départ est simple « l’agriculture reste l’activité dominante des populations rurales africaines ». Pour l’auteur, il s’agit d’un secteur qui reste stratégique au Sénégal comme ailleurs, car il constitue « un secteur clé pour le développement économique et social du pays ». Or, les difficultés que connaît ce secteur poussent de plus en plus de jeunes ruraux à abandonner l’agriculture.

En effet, le secteur agricole ouest africain, où l’agriculture familiale prédomine, est soumis à certaines contraintes, liées à « la maîtrise de l’eau, l’accès aux intrants, […] les inadéquations de la politique foncière », et à des menaces telles que « la volonté accrue des gouvernants de favoriser le parachutage ou l’imposition d’autres modèles agricoles, parfois importés ». Il en résulte que « l’effet conjugué de la croissance démographique, des contraintes climatiques, des mauvaises pratiques agricoles et des difficultés d’accès à la terre a contraint beaucoup de jeunes au chômage et à la migration ».

Face à ces dangers, le Dr Cheikh Tidiane Wade met en avant la Loi d’orientation agro-sylvo-pastorale sénégalaise, qui selon lui « permet au monde agricole de retrouver un rôle moteur dans la stratégie de croissance de l’économie sénégalaise dans son ensemble », la sécurité alimentaire étant considérée comme préalable nécessaire pour créer les conditions d’une croissance économique durable à ses yeux. A travers cette loi, la question de l’emploi des jeunes est en partie résolue à travers une reconnaissance des métiers de l’agriculture, un accès au crédit et au foncier pour leur insertion, et des aides à l’installation.

En parallèle, la mise en place du Plan Sénégal Emergent se focalise également sur le monde agricole, et le Programme de relance et d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise2 en particulier possède des « programmes spécifiquement conçus pour le retour des jeunes vers l’agriculture ».

Enfin, l’auteur nous fait part de l’expérience importante et de la place prépondérante que peuvent prendre les migrants de retour, grâce aux capitaux financiers, sociaux et intellectuels qu’ils ramènent de leur migration. En somme, les politiques et les investissements agricoles du Sénégal sont cruciaux afin de créer « les conditions qui permettront aux individus et aux jeunes, en particulier, de ne plus se sentir contraints d’abandonner leurs terres en quête d’une vie meilleure. »
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Christopher Gaudoin, Chargé de veille et d’analyse pour Agriculture Stratégies 


La question de l’emploi des jeunes en Afrique subsaharienne et les conséquences qui peuvent en découler préoccupent à tous les niveaux de décision. En effet, dans les pays du Sud, les crises climatiques cycliques et la faible productivité agricole actuelle constituent de sérieux handicaps qui entravent la capacité du secteur à fournir des emplois adéquats aux jeunes.

Dans un pays comme le Sénégal, plusieurs stratégies ont été développées pour fixer les jeunes, candidats à la migration, dans les zones rurales. Depuis la première alternance politique de 2000, les réponses de l’Etat ont souvent consisté à créer des écoles de formation professionnelle, des agences et des fonds de promotion de l’emploi des jeunes.

Il est reconnu que la transformation structurelle de l’agriculture est une condition préalable pour accroître la productivité du travail et le niveau des revenus, mais surtout pour créer des emplois décents. Cela suppose de trouver des moyens financiers, humains et matériels pour une bonne mise en œuvre des politiques publiques. Elle suppose également une bonne utilisation des transferts des migrants et une orientation des investissements dans la recherche en liaison avec les tendances climatiques et les opportunités de marché. En fonction des spécificités des zones agroécologiques, les politiques de développement doivent s’insérer dans une stratégie globale de développement tenant compte de l’environnement institutionnel et financier.

Contexte de l’agriculture

Selon la FAO (2016), l’agriculture et le développement rural sont essentiels pour remédier aux causes profondes de la migration. D’ici 2050, plus de la moitié de la population des pays les moins avancés vivra encore en milieu rural. Les trois quarts des personnes souffrant de pauvreté extrême vivent de l’agriculture ou d’autres activités rurales.
Pour le seul continent africain, 11 millions de jeunes entreront chaque année sur le marché du travail au cours de la prochaine décennie . L’ampleur des mobilités requiert des solutions concertées impliquant l’ensemble des parties prenantes.

L’agriculture reste l’activité dominante des populations rurales africaines. Elle leur permet d’assurer une sécurité alimentaire et d’avoir des revenus pour faire face à certaines charges familiales. Toutefois, cette agriculture est fortement dépendante de la pluviométrie.

A cause des changements climatiques, celle-ci connait des bouleversements caractérisés par l’irrégularité de pluies avec des fluctuations intra et interannuelles, compromettant ainsi les rendements agricoles et poussant les jeunes ruraux à abandonner l’agriculture.
Aussi, l’effet conjugué des multiples crises de ces dernières années, (alimentaire, financière et énergétique), de la forte croissance démographique, de l’urbanisation croissante, de la transformation du peuplement, des migrations, de l’amélioration et la différenciation des revenus, constituent le principal vecteur de la transformation des économies agricoles, des exploitations familiales et des chaines de valeur.

Beaucoup de pays africains ont replacé l’agriculture et la sécurité alimentaire au cœur de leurs priorités. Cela s’est traduit dans certains pays par un accroissement du volume des investissements publics, au-delà même des objectifs fixés par le sommet de Maputo de 2003.
En Afrique de l’Ouest, les autorités sous régionales reconnaissent à travers le Cadre d’orientations stratégiques de l’agriculture à l’horizon 2025 que la croissance de la demande urbaine constitue une formidable opportunité pour intégrer les agricultures familiales dans les marchés de proximité et les marchés régionaux.

Pour capter ces marchés émergeants et en faire les véritables moteurs de la croissance agricole et de l’amélioration des revenus et des conditions de vie des ruraux, les agricultures et les chaines de valeur locales doivent être suffisamment compétitives par rapport aux importations alimentaires en provenance du marché mondial.
Pour ce faire, il est important de faire de l’agriculture familiale et des exploitations familiales les moteurs de la transformation de l’économie rurale, en mettant l’accent sur les pratiques durables comme l’agroécologie au détriment des pratiques poussant les jeunes vers la migration.

Au Sénégal, le secteur de l’agriculture reste encore stratégique, malgré sa relative faible contribution à la croissance du PIB. En effet, environ 55% de la population rurale du Sénégal, dont 49,5% de ménages purement agricoles et 61% parmi ces derniers, s’adonnent à la culture pluviale, encore dominante .

L’agriculture constitue un secteur-clé pour le développement économique et social du pays, compte tenu d’une part de la population qui en dépend directement et d’autre part de sa dimension stratégique en matière de sécurité alimentaire, et de sa contribution dans la régulation des équilibres macroéconomiques et sociaux.

Contraintes et défis de l’agriculture

L’agriculture connait des problèmes, parmi lesquels la maîtrise de l’eau, des difficultés d’accès aux intrants de qualité et de l’insuffisance d’ouvrages hydro-agricole, l’inadéquation de la politique foncière et de l’inadaptation du financement et des problèmes de pilotage. A cela s’ajoutent les impacts des changements climatiques.

L’agriculture sénégalaise est aussi assujettie à de nombreuses contraintes dont la levée nécessite une profonde réflexion, pour concevoir et mettre en œuvre une stratégie mobilisatrice non seulement en moyens financiers, mais aussi en ressources humaines dans le cadre d’une solidarité collective, ayant pour principal objectif le développement humain.

Malgré les contraintes rencontrées, le secteur de l’agriculture recèle aussi de nombreux atouts en termes d’avantages comparatifs basés sur des dotations factorielles favorables. Les potentialités hydro-foncières du Sénégal sont considérables, comparativement à de nombreux pays.
Ainsi, la préservation et la consolidation de l’agriculture familiale demeure un défi important. En effet, cette forme d’agriculture, pilier de nos systèmes agroalimentaires, produit encore l’essentiel des besoins en produits céréaliers, légumes, viande et poisson, entre autres, et reste la principale pourvoyeuse d’emplois. Sa consolidation et sa transformation demeurent toutefois compromises par la nouvelle rhétorique et la volonté accrue des gouvernants de favoriser le parachutage ou l’imposition d’autres modèles agricoles, parfois importés.

L’effet conjugué de la croissance démographique, des contraintes climatiques, des mauvaises pratiques agricoles et des difficultés d’accès à la terre a contraint beaucoup de jeunes au chômage et à la migration. Selon les chiffres du dernier recensement au Sénégal, le taux de chômage déclaré est de 25,7%, traduisant ainsi une faible participation des actifs dans la production de biens et services .

Ce taux de chômage varie selon les régions, mais également au regard d’autres caractéristiques des ménages, notamment le milieu de résidence, les tranches d’âges, la situation matrimoniale. Le segment le plus touché est celui des personnes non ou peu scolarisées. Ainsi l’exode des jeunes et des femmes actifs (vers les villes et, de plus en plus, hors des frontières nationales), reste un signe manifeste du déficit d’emplois productifs ou suffisamment rémunérateurs.

Le chômage est l’une des préoccupations les plus partagées par tous les gouvernants. Face aux défis que constituent le chômage et le sous-emploi des jeunes, le Gouvernement avec l’appui des partenaires techniques et financiers a pris un ensemble de mesures et a mis en œuvre un certain nombre de programmes au cours de ces dernières années.

Dès lors, l’imbrication des deux phénomènes est manifeste, et l’Etat du Sénégal a parfaitement compris que la prise en charge adéquate de la problématique de l’emploi des jeunes pouvait grandement reposer sur la redynamisation d’un secteur agricole qui, sous divers aspects, apparait comme une mine d’emplois.

Leviers stratégiques pour créer des emplois et fixer les jeunes dans les zones de départ

Le rôle de l’Etat dans les propositions de développement du secteur agricole se traduit par une planification stratégique, une amélioration du cadre juridique et réglementaire existant, et par d’autres mesures tendant à rendre plus attractif l’environnement de la production agricole. C’est dans ce cadre qu’il faut situer la Loi d’orientation agro-sylvo-pastorale.
Adoptée en 2004 et d’initiative présidentielle, cette loi se veut un cadre global du développement agricole pour 20 ans. Elle permet au monde agricole de retrouver un rôle moteur dans la stratégie de croissance de l’économie sénégalaise dans son ensemble (la sécurité alimentaire est considérée comme préalable nécessaire pour créer les conditions d’une croissance économique durable).

Les préoccupations relatives à l’emploi des jeunes, notamment dans le cadre agro-sylvo-pastoral, apparaissent à travers : (i) la reconnaissance des métiers de l’agriculture et désormais, un statut reconnu et conféré de façon identique à tous, notamment les jeunes ; (ii) la promesse d’insertion des jeunes dans toutes les activités liées aux métiers de l’agriculture et celle de leur faciliter l’accès au foncier et au crédit ; (iii) la promesse, dans un délai de trois ans à partir de la promulgation de la loi, d’aider à l’installation des jeunes agriculteurs ayant reçu une formation professionnelle agricole et à la création d’un fonds d’aide à la modernisation des exploitations agricoles en conformité avec la loi de finances. Ce fonds contribue au financement, notamment, de l’équipement des exploitations agricoles, de l’installation des jeunes agriculteurs ayant reçu une formation professionnelle agricole et aux actions de gestion durable des ressources naturelles.

Du point de vue stratégique, le Sénégal développe des outils de planification pour une meilleure atteinte des Objectifs de Développement Durable. Le document phare est le Plan Sénégal Emergent. Dans son axe stratégique 1 « transformation structurelle de l’économie et croissance », le secteur de l’agriculture est retenu comme l’un des « moteurs » de croissance dans sa mise en œuvre.

Les actions dans ce domaine visent à mettre en œuvre une approche intégrée favorisant le développement de la chaîne de valeur et la structuration des filières. Elles permettent également de mettre en valeur le potentiel de l’agriculture commerciale tout en favorisant le développement de l’agriculture familiale.

Ainsi, pour la création d’emplois dans le secteur de l’agriculture, les stratégies préconisées dans le PSE s’appuient sur la mise en places des fermes intégrées dont les domaines agricoles communautaires (DAC), l’organisation des petits producteurs agricoles autour des gros opérateurs modernes, la création de zones greniers constituant des corridors céréaliers, l’établissement de pôles de transformation agroalimentaire et la relance de la production nationale d’arachide.

A coté du PSE, nous avons la Phase 2 du Programme de relance et d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (PRACAS) qui est une déclinaison du PSE dans sa phase opérationnelle. Un de ses objectifs majeurs est de créer un grand nombre d’emplois agricoles et non-agricoles, notamment pour les jeunes.

Parallèlement et pour accompagner cette politique volontariste de placer l’agriculture au cœur du développement, l’Etat a pris une série de mesures et développé soit des approches destinées à lever les contraintes liées au secteur, soit des programmes spécifiquement conçus pour le retour des jeunes vers l’agriculture.

La valorisation du capital naturel

Dans un contexte des Objectifs de développement durable (ODD), les zones rurales ont plus que jamais besoin des jeunes, pour contribuer à l’essor de l’agriculture et pour créer un plus grand nombre d’emplois afin de maintenir la croissance à un niveau solide, tout en améliorant le bien-être des populations, à la faveur de la réduction de la pauvreté, de l’amélioration de la santé et de l’éducation, et de l’instauration d’un plus grand espoir.

Pour cela, il revient à l’ensemble des parties prenantes dont les collectivités de créer des emplois pour les Africains, grâce à la formation et l’utilisation de la main d’œuvre locale, la mise en valeur du potentiel des services et des entreprises familiales et communautaires, la gestion durable et l’utilisation prudente des ressources naturelles considérables des zones rurales. C’est de cette façon que les dividendes des activités rurales se ressentiront sur les conditions de vie des ruraux et de la société.

« Une bonne maîtrise de l’eau permet d’exploiter toute l’année, de réaliser plusieurs campagnes et par voie de conséquence, surtout pour les jeunes, d’améliorer sensiblement ses revenus générés in situ. »
L’accès à la terre constitue une contrainte majeure pour les jeunes, hommes comme femmes. Dans le cadre d’une appropriation collective et familiale, l’allocation du foncier est du ressort des plus âgés. Dans le cadre d’une meilleure accessibilité de la terre aux plus jeunes, il convient de rappeler que la constitution du Sénégal prohibe toute discrimination fondée sur le genre.

Dans une perspective de développement territorial durable, les nombreux débats sur le foncier insistent sur : (i) le droit des populations sur leur patrimoine foncier ; (ii) la préservation du capital foncier de l’accaparement par des grands investisseurs ; (iii) la sauvegarde d’une ressource dont les jeunes auront accès et pourront faire usage, à leur tour.

Outre le foncier, les acteurs doivent travailler pour une amélioration de la maitrise de l’eau avec l’élaboration de programmes prenant en considération l’ensemble des types de systèmes irrigués afin de répondre au mieux aux besoins des producteurs et aux opportunités offertes par les territoires.

Ces programmes doivent aussi tenir compte des modèles d’allocation d’eau des bassins transfrontaliers comme celui du Sénégal pour la planification du développement des irrigations tout en les adaptant, ce dans le cadre de la gestion intégrée des ressources en eau de surface et souterraine. La valorisation de l’eau est optimale en s’appuyant sur la diversité des systèmes irrigués compatibles, tout en prenant en compte les besoins de revitalisation et modernisation de l’existant.

« La migration est porteuse à la fois d’opportunités et d’enjeux pour les zones rurales… »

Dans un pays comme le Burkina Faso, les investissements dans les petits barrages et les petites installations de collecte et de stockage de l’eau ont un impact formidable sur les familles rurales. Des systèmes d’irrigation flexibles offrant aux agriculteurs une meilleure maîtrise de l’eau peuvent améliorer considérablement leurs revenus. Parallèlement, il faut intensifier les investissements dans les systèmes d’irrigation à moyenne et grande échelle en misant sur des partenariats efficaces entre les secteurs public et privé.

Une bonne maîtrise de l’eau permet d’exploiter toute l’année, de réaliser plusieurs campagnes et par voie de conséquence, surtout pour les jeunes, d’améliorer sensiblement ses revenus générés in situ.

La question du financement de l’agriculture à travers l’apport des migrants Le phénomène migratoire s’est considérablement développé avec des causes et conséquences multiformes. Dans les zones de départ, majoritairement en milieu rural, il affecte davantage les jeunes et impacte directement sur la disponibilité de la main d’œuvre dans les exploitations familiales, dont une grande partie se retrouve aujourd’hui avec une population composée essentiellement d’enfants, de femmes et de plus en plus de personnes âgées.

La migration est porteuse à la fois d’opportunités et d’enjeux pour les zones rurales, de transit et de destination. Les politiques et programmes jouent un rôle important en influençant les processus de migration en termes d’agriculture et de développement rural et, en dernière analyse, de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire en zone rurale.
Les associations de migrants et les migrants contribuent continuellement à l’économie locale à travers des transferts financiers et non-financiers. En réalité, les migrants transfèrent plus que de l’argent. Ils ramènent un engagement pour le développement, des modalités d’organisation, des réseaux de partenariat, des moyens de production pour répondre aux effets adverses de l’incertitude climatique.

Les migrants de retour constituent une cible de choix de programmes d’appui à la création de projets productifs pour des raisons qui se ramènent surtout au fait qu’ils possèdent les atouts ci-après : (i) un capital financier accumulé tout au long de leur expérience migratoire ; (ii) un capital social lié au réseau de connaissances et de potentiels partenaires dont ils disposent dans les pays d’accueil (étrangers voulant investir ou délocaliser des entreprises, programme de la coopération décentralisée porté par les communes et les régions européennes en destination des pays sous-développés) ; (iii) un capital intellectuel, notamment pour la frange la plus instruite des émigrés, une catégorie en voie d’expansion parmi les candidats au départ, depuis le début des années 2000 en lien avec le boom de l’émigration qualifiée ; (iii) des valeurs acquises au cours de l’aventure migratoire (résilience, ambition, capacité d’adaptation, assurance, ouverture, ponctualité, respect de l’autre, rigueur dans le travail) qui sont relativement profitables pour renforcer leur esprit d’entreprise et pouvoir relever les nombreux défis qui émaillent tout processus de réalisation d’activités économiques.
Les capacités des ménages à faire face aux incertitudes climatiques sont renforcées par le soutien des émigrés. Les producteurs locaux ont recours à la contribution monétaire et non-monétaire des migrants pour développer des stratégies et des moyens alternatifs face à la montée des températures, à l’irrégularité du début et de la fin des hivernages, aux événements climatiques extrêmes.

On remarque aussi une promotion de l’épargne et une autonomisation des femmes émigrées ou des femmes d’émigrés qui développent des initiatives pour fructifier les transferts financiers et rentabiliser les transferts non monétaires : activités génératrices de revenus, embouche bovine, élevage de caprins, aviculture moderne, la transformation de produits, etc. Variétés hâtives, outillage agricole plus adapté et plus performant, magasins de stockage et produits de traitement des récoltes, toute une série de moyens sont apportés par les migrants pour rendre les économies locales plus résilientes à l’incertitude climatique et aux événements météorologiques extrêmes.

Pour créer des emplois durables et fixer les jeunes dans leur terroir, l’Etat et ses partenaires, doivent, en plus d’orienter la diaspora vers des créneaux porteurs, assurer une meilleure communication autour des programmes d’investissement et aux fonds innovants.Au niveau des collectivités territoriales, les populations et les partenaires au développement doivent travailler à mettre en place des programmes centrés sur l’auto-emploi des migrants et le développement d’initiatives socio-économiques susceptibles de déboucher sur la création d’emploi. Ceci pourrait aider à articuler les investissements de la diaspora avec les politiques d’adaptation au changement climatique et la promotion de l’économie locale à travers :

  • la maîtrise de l’eau et développement de la petite irrigation locale ;
  • la promotion d’activités résilientes aux incertitudes climatiques ;
  • la transformation des produits et sous-produits des terroirs ;
  • la maîtrise de la chaîne de valeur pour plus de valeur ajoutée ;
  • la promotion d’activités et de techniques agropastorales adaptées au stress hydrique ;
  • le développement de nouvelles variétés et activités pour la diversification et l’adaptation aux incertitudes climatiques : culture fourragère, culture hâtive, arboriculture, cueillette, etc.

Conclusion

Dans ce cadre du renforcement de la productivité agricole et de la promotion de l’emploi des jeunes, les politiques d’aménagement du territoire doivent se faire à travers une planification spatiale judicieuse des activités économiques et une exploitation rationnelle du capital naturel.

Aussi, avec les perspectives de l’agenda 2030, ces investissements agricoles peuvent être orientés dans la sécurité alimentaire et le développement rural durable afin de créer les conditions qui permettront aux individus et aux jeunes, en particulier, de ne plus se sentir contraints d’abandonner leurs terres en quête d’une vie meilleure.

Dr Cheikh Tidiane WADE

http://www.iedafrique.org/Opinion-L-agriculture-un-grenier-d-emplois-durables-pour-les-jeunes-et-les.html

2 Voir https://www.sec.gouv.sn/dossiers/plan-s%C3%A9n%C3%A9gal-emergent-pse et http://www.ipar.sn/Programme-d-Acceleration-de-la-Cadence-de-l-Agriculture-Senegalaise-PRACS-Volet.html

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