Agricultural policy and economyArchivesSector analysis

The sugar crisis and Jean-Baptiste Say’s law of outlets

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We reproduce below an article by Thierry Pouch, economist at the Permanent Assembly of Chambers of Agriculture and member of the strategic orientation committee of Agriculture Strategies. Specialist in the history of economic thought, he puts into perspective the current crisis of the European sugar market with the author of the “law of outlets”. What do they have in common ? Jean-Baptiste Say (1767-1832), French industrialist and economist had for brother Louis Say, founder of one of the components of the Béghin-Say sugar group whose sugar mills were bought in 2002 by beet growers to create the cooperative Tereos.

The “law of outlets” or “Say’s Law” means that an additional production creates its own consumption, according to the idea that once the product has been completed, it gives the designer the opportunity to buy something else. This logic is at the root of the discourse of the “economics of supply” who dispute the use of levers to stimulate the demand. According to Say’s Law, there can be no crisis of overproduction, or only temporary and limited to a particular sector. This view was challenged in particular by John Maynard Keynes, in the context of the crisis of the 1930s, by highlighting the role of money that allows hoarding and can lead to anemic effective demand.

For Thierry Pouch, “the current situation of the sugar market disproves – but we have not waited for the sugar crisis to be convinced – Say’s law”. In other words, the end of the supply control on European sugar will not have generated additional demand, and the increase in European production will have led supply to exceed demand, with strong repercussions on international prices. With very unstable markets where a small difference between production and consumption causes large price fluctuations, we are not in a context conducive to the development of activities and the creation of wealth. On the contrary, the instability of agricultural markets left to their own devices destroys value and costs the economy as a whole.

This is why, as we have shown in a recent study, apart from the European Union, all the major sugar producing countries are protected from fluctuations in the international price which is, in fact, the export price of Brazil. And even the latter, with a flexible policy on ethanol consumption, is playing on the demand to rebalance, to a certain extent, the sugar market. Therefore, more than two centuries after Jean-Baptiste Say, to be able to play on both supply and demand has become an unsurpassable horizon for agricultural policies as well as for economic policies in general.

Frédéric Courleux, Directeur des études d’Agriculture Stratégies


Sucre et économie : l’histoire en écho

La crise du marché sucrier a déjà été traitée dans un précédent numéro de la Lettre économique des Chambres d’agriculture de France. Surproduction chronique depuis quelques années, sortie des quotas sucriers en Europe, chute du prix, le tout occasionnant de belles turbulences chez les sucriers, le groupe Tereos étant particulièrement touché. Tereos, justement. L’un des plus grands groupes mondiaux du sucre, détient la marque bien connue par le consommateur, Béghin-Say.

La sucrerie Say, créée en 1812 à Nantes par Louis Say, fusionnera bien des décennies plus tard, en 1972, avec Béghin, entreprise issue de Thumeries sucreries fondée en 1821 par Joseph Coget et son gendre Antoine Béghin. Le groupe Béghin-Say était né, illustrant la vie des entreprises, fusionnant, s’absorbant, grandissant… pour parfois accéder au rang de grand groupe de taille internationale.

Il y a toutefois une originalité qui distingue Béghin-Say des autres groupes sucriers. Louis Say était le frère de l’illustre économiste, titulaire de la Chaire d’économie industrielle au Conservatoire des Arts et Métiers, avant d’occuper celle, la première de l’histoire de la discipline, d’économie politique au Collège de France. Il s’agit de Jean-Baptiste Say (1767-1832). Les apprentis économistes – d’hier, d’aujourd’hui voire de demain – se sont, du moins faut-il l’espérer, à un moment ou à un autre de leur cursus, penchés sur l’ouvrage de référence de J.-B. Say, le Traité d’économie politique, dont la première édition remonte à 1803. C’est dans cette œuvre que l’on trouve la fameuse Loi des débouchés de Say, consistant à montrer que toute offre crée sa propre demande et la porte à son niveau. Dit autrement, Say affirme que la surproduction est impossible, niant par la même occasion toute possibilité de crise sur un marché.

La situation actuelle du marché sucrier infirme – mais on n’a pas attendu la crise du sucre pour s’en convaincre – la Loi des débouchés de Say. En dépit d’une demande mondiale qui reste dynamique, l’offre est suffisamment abondante pour déséquilibrer le marché et plonger les planteurs et les transformateurs dans les affres d’une crise. Si, par surcroît, l’UE abroge le dispositif d’encadrement de l’offre, la divergence entre l’offre et la demande ne peut être niée.

Par un curieux concours de circonstance dont l’histoire a le secret, l’esprit de Say plane au-dessus du groupe Tereos, et donc de Béghin-Say. À penser que la sortie des quotas sucriers offrirait l’opportunité de produire davantage, sachant que la demande se porterait au niveau de ce surcroît d’offre, a constitué une grave erreur d’appréciation du fonctionnement réel des marchés agricoles. Qu’elle émane notamment d’un groupe comme Béghin-Say montre à quel point est forte la croyance en la Loi des débouchés produite par le frère du fondateur de ce groupe. À moins que, oubliée par ses nombreux successeurs, elle resurgisse sous la forme d’un inconscient économique.

Les croyances ont la vie dure. Les crises aussi. Aux économistes et aux entrepreneurs de faire un pas pour échanger leurs visions de l’activité économique.

 

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